Lecture

« Cela valait le coup de lire 905 pages… »

« Toute seule, elle descend la plage jusqu’au rivage. Aujourd’hui, le soleil est si violent qu’elle a les tendons d’Achille qui se dessinent aussi nettement que les talons de bas de soie. Elle a comme toujours la tête légèrement penchée en avant, il a toujours aimé sa nuque, et maintenant il ne la verra plus car elle va disparaître dans le monde, belle, innocente. Peut-être qu’elle se sait « jolie »… Mais comment lui dire tout le reste, toutes ces autres choses vivantes, les oiseaux, les nuits qui sentent l’herbe et la pluie, les instants tranquilles de bonheur ensoleillé, tout cela se rassemble dans ce qu’elle est pour lui. Ou plutôt ce qu’elle était. Ce n’est pas seulement Jessica qu’il est en train de perdre. C’est tout un aspect de sa vie qui s’en va, et la sensation qu’il avait pour la première fois d’être bien dans sa peau au milieu de la Création. Maintenant, ce sera l’hiver, il va se retrouver dans son enveloppe, tout seul. Il lui faudrait pour en sortir faire un effort dont, seul, il se sent incapable. »

Cela valait le coup de lire 905 pages pas toujours très claires, voire franchement obscures, mais qu’on lit pourtant agréablement à cause du ton, du rythme de l’écriture qui semble savoir où elle va. De temps en temps, dans ce labyrinthe foisonnant de surprises, de détails, de notations humoristiques et de dérapages délirants, Pynchon a dissimulé des passages comme celui-ci.

Warning : je ne conseillerais à personne de commencer avec ce pavé. On recommande souvent La vente à la criée du lot 49, « avec seulement 210 pages, son plus court » nous dit non sans raison Wiki. Vineland et Vice caché, certes plus épais, sont très réjouissants également.

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2 commentaires pour Lecture

  1. Zorglub dit :

    hello,
    si cela t’intéresse, tu es grandement invité à y participer !
    http://thebinarycoffee.blogspot.com/p/une-liste-de-plus.html

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