Le 11 septembre comme si vous y étiez

150216-140918Les deux premiers tiers du roman se situent quelques jours avant les attentats. De manière anecdotique, on apprend que le compagnon de l’héroïne se rend régulièrement au Trade Center pour raison professionnelle et les tours jumelles font partie du décor, où elles figurent comme un repère rassurant. Quand l’évènement surgit, vers la 300ème page, prenant par surprise les personnages en même temps que les habitants de New York, Pynchon réussit à nous faire parfaitement ressentir l’onde de choc (surprise, hébétude, incrédulité, inquiétudes, interrogations, etc.) sans avoir besoin d’en rajouter dans le spectaculaire. Il décrit dans le détail les jours d’après, la ville en état de siège, les hommages aux pompiers, les images en boucle, le récit officiel et les « sombres éventualités », les « fantasmes auto-résonnants » qui commencent à émerger sur Internet. Inutile de préciser que pour nous, dans le contexte actuel, ces pages sonnent d’une façon particulière. « Le but est que les gens soient remontés, mais d’une certaine manière. Remontés, apeurés et impuissants. » La vie a repris son cours presque normalement. Pourtant, comme le remarquent plusieurs protagonistes, plus rien n’était « comme avant ». Une ambiance bizarre, des faits troublants, une impression d’étrangeté ; mais sans qu’on puisse clairement percevoir ce qui avait changé. Le chapitre consacré au traumatisme collectif post-attentat est particulièrement réussi – à croire que l’auteur l’a écrit en premier pour livrer sa vision de ces journées gravées dans les mémoires et que le reste, c’est-à-dire tout ce qui précède, a été ajouté ensuite. Il se termine par cette interrogation qui reste sans réponse : « Mais, putain, alors, il se passe quoi ? »

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