
Du côté d’Orouët, Jacques Rozier (1973)
Début des années 70, trois jeunes femmes passent des vacances dans une villa au bord de la mer. C’est tout, ou presque, pour le synopsis. Filmé par Rozier, c’est magique. On est plongé dans l’instantané des moments captés par la caméra le long de scènes qui s’étendent en dehors de toute nécessité narrative dans une sorte d’extase contemplative un peu vide. Ce vide, qui pourrait ressembler à l’ennui, c’est la vacance de l’identité sociale et la disponibilité qui en découle. C’est peut-être le sujet du film. A moins que ce soit le soleil sur la mer, les bateaux qui dessalent, le ralentissement du temps ou la cruauté des filles envers les types qui ne leur plaisent pas (Ménez, génial comme toujours en ringard attachant). Entre l’excitation de l’arrivée sur place et la fermeture des volets dans une ambiance mélancolique, Rozier nous donne à voir quelque chose comme l’essence des vacances. C’est si réussi qu’après l’avoir vu on se met à repenser à ses vacances passées. Du grand art.