
« Je ne voudrais être rien d’autre qu’un homme qui arrose son jardin et qui, attentif à ces travaux simples, laisse pénétrer en lui ce monde qu’il n’habitera pas longtemps. » Philippe Jaccottet, Taches de soleil, ou d’ombre
Selon Bill, sur Facebook (qu’il vient de quitter), on célèbre plus souvent les morts que les vivants. Comment échapper à cette litanie des disparitions ? En vieillissant nous nous trouvons inévitablement confrontés au départ de ceux qui nous précèdent. Il faut croire qu’il s’agit pour chaque nouvelle génération d’une découverte, presque d’une surprise. La citation est extraite de l’hommage à Philippe Jaccottet signé Jacques Munier.
Il existe sans doute un poème de Brautigan sur les camélias du Japon
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Oh, ce n’est pas impossible. Peut-être du côté de Tokyo-Montana express…
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Rien d’explicite dans le Journal Japonais, si ce n’est cette évocation des arbres et des buissons du sanctuaire Meiji de Tokyo :
« Le sanctuaire Meiji était fermé.
On s’y est glissé juste avant l’aube.
On était ivres comme des comiques [we were drunk like comedians]
à grimper sur les murs de pierre, à tomber [climbing over stone walls and falling down].
On était drôles à regarder.
Heureusement la police ne nous a pas découverts
– elle nous aurait embarqués.
C’était magnifique, on a titubé
parmi les arbres et les buissons jusqu’au point du jour.
On était très drôles puis on s’est affalés dans un petit pré
de douce herbe verte qui était agréable
au contact de nos corps.
J’ai posé la main sur sa poitrine et commencé
à l’embrasser. Elle m’a embrassé en retour et c’est là
tout l’amour
qu’on a fait. On n’est pas allé plus loin, mais c’était
parfait dans les premières lueurs du sanctuaire Meiji
avec l’empereur Meiji
et son épouse l’impératrice Shôken
quelque part à nos côtés. »
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