
Je me souviens de l’exposition au musée d’Art moderne de Paris. Quelle année ? Je n’ose pas vérifier de peur de me prendre encore quelques décennies en pleine face. Le parcours de l’expo Rothko, donc, se terminait par une salle consacrée à la série des « Black Paintings » réalisée l’année précédant la disparition de l’artiste. S’il est des tableaux face auxquels il convient de se tenir en prenant le temps de les laisser agir par le biais des sensations et en mettant en veilleuse la machine à interpréter, ce sont bien les œuvres méditatives de Mark Rothko. Et ceci est particulièrement vrai pour cette série qu’on associe traditionnellement à une réflexion sur l’approche de la mort. Le lien avec la biographie s’avère, une fois de plus, trompeur et réducteur. Pourquoi pas prétendre l’inverse et « voir, dans ces derniers tableaux, non pas l’aboutissement d’un parcours qui va de la couleur vers le noir, de la lumière vers l’obscurité, mais plutôt le commencement d’une période dont on n’a pu connaître que les prémisses »*. Le lien avec la sombre période que nous vivons ? Je vous laisse le chercher.
*Riccardo Venturi, Les « Black Paintings » de Mark Rothko à l’épreuve de la biographie