
Près de vingt-cinq années se sont écoulées depuis ma première lecture. J’appréhendais et repoussais le moment de faire mes retrouvailles avec le narrateur de la Recherche. Elles se passent plutôt bien, mieux que je n’aurais pu l’espérer. La lecture n’a rien de fastidieux, au contraire. J’y consacre chaque jour une partie de la matinée. Là où je parcourais des mots qui semblaient former une masse compacte sur la page je me laisse aujourd’hui bercer par un flux qui m’entraîne à la manière d’un morceau de musique. Le côté de Guermantes, qui m’avait paru une lecture tellement glaçante et ennuyeuse que je l’avais abandonnée en cours de route (une chose qui m’arrive rarement) me laisse voir l’ironie souvent cruelle qui imprègne la description proustienne des gens du monde. Ce qui a changé ? Moi, probablement.