Vu (suite)

J’avais toutes les raisons d’avoir envie de voir Le redoutable de Michel Hazanavicius. D’abord, j’avais apprécié la lecture du livre d’Anne Wiazemsky. Ensuite, j’ai toujours trouvé assez intrigante cette période de la carrière de Godard. Enfin, j’avais trouvé le projet assez gonflé, joyeusement impertinent sans être grossièrement poujadiste. Dans l’ensemble, les situations décrites sont fidèles au récit de l’ancienne compagne du cinéaste. Transposées en tant que séquences de cinéma, elles sont plus ou moins réussies. L’une de mes préférées : lorsque le couple se trouve coincé dans le sud chez des amis pour cause de pénurie d’essence. On est après l’interruption du festival de Cannes ; la crise personnelle de Godard devient une crise de couple. Hazanavicius trouve assez souvent un équilibre plaisant entre comédie et drame. La reconstitution de l’époque (les manifs, les AG) est ratée, mais ce n’est pas grave. Venons-en aux thèses qui sous-tendent le film. Idée n°1 : Godard ne s’est pas remis d’avoir été méprisé par les situationnistes alors qu’il les admirait. Idée n°2 : cette blessure narcissique l’a conduit à une remise en question dévastatrice (aggravée par les maos). Il faut avouer que cette lecture des évènements n’est pas totalement stupide. Le principal reproche que l’on peut faire à ce film, c’est de ne pas être à la hauteur de son sujet sur le plan de la mise en scène.

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5 commentaires pour Vu (suite)

  1. Anonyme dit :

    Hazanavicius accrédite la thèse que Godard serait fini après ses films dits « normaux ». Poujadiste, peut-être pas, mais démago quand même, dans la mesure où il se met, ce faisant, du côté des rieurs. L’anti-intellectualisme étant l’un des dangers du temps, si on a parfois souri, c’est en s’étant promis de revoir les Godard politiques et d’inviter du monde aux projections.

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    • journaldejane dit :

      Au départ, j’avais des préjugés négatifs sur le film pour les raisons que vous évoquez. Je voulais, dans ce billet, refléter l’agréable surprise que fut la découverte (tardive) du film. Ceci dit, l’idée simpliste – pour ne pas dire réac – selon laquelle le cinéaste serait mort sur le plan créatif depuis les années 60 m’a toujours parue suspecte. Aussi, la première chose que j’ai eu envie de faire après avoir vu cette aimable caricature fut de revoir, 38 ans après, Sauve qui peut (la vie). Énorme claque, dont je prévois de parler bientôt car sur Internet, il convient de ne pas faire trop long.

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  2. Zorglub dit :

    moi, il m’a bien fait rire ce film…
    J’ai pris ça comme une « allégorie » de Godard plutôt qu’au premier degré…
    et j’ai bien aimé toutes les références à ses films…

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