L’effet Godard

schuhl« Je suis sorti du cinéma Phocéac, ou Cinévog, je sais plus, les choses dehors m’ont semblé à leur tour plutôt féeriques et je me sentais plus fort parce que le monde et sa pesanteur me paraissaient soudain factices face à ces quelques images amateur d’une gaucherie pleine de grâce, une renaissance, à nouveau les débuts, les baraques foraines. Devenu plus léger, je suis descendu vers le port, mains dans les poches, m’acheter des Ray-Ban, la dernière de France-Soir, je l’ai ouvert devant moi, c’était la suite de 13 rue de l’Espoir, et, la gauloise entre les dents, lentement, je me suis passé le pouce sur la lèvre inférieure : j’ai imité Belmondo qui imitait Bogart, ça s’appelle la transmission, et, dans l’art, citation, j’étais seul, je regardais vers le large, le fort Saint-Nicolas, le fort Saint-Jean, j’avais dix-huit ans ou dix-neuf ans je sais plus, et alors, c’était encore à nouveau un peu ça, le cinéma, une façon d’être, la transparence de l’art et du réel. » Jean-Jacques Schuhl, Obsessions, Gallimard

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