Ce recueil regroupe quatre textes publiés initialement au début des années 80. Le premier est un délire réjouissant où l’écrivain imagine Goethe au seuil de la mort harcelant son entourage pour qu’il organise une rencontre avec Wittgenstein. L’occasion de régler les comptes avec « le tétaniseur de la littérature allemande ». Dans le second texte, le narrateur, malade, se trouve prisonnier de sa famille (ses « persécuteurs », comme il les appelle). Il se rend en cachette dans la bibliothèque plongée dans la pénombre pour prendre un livre à l’aveuglette et réalise avec joie qu’il s’agit d’un volume de Montaigne, le philosophe qui lui apporte consolation et réconfort. Dans Retrouvailles, le meilleur texte du livre, Thomas Bernhard revient sur le thème de la famille destructrice. Il le déploie magistralement dans son style circulaire et musical, avec une hargne libératrice qui ne faiblit jamais. Le sujet est la rencontre entre deux anciens amis d’enfance dont les parents (leurs « geôliers » respectifs) se ressemblaient beaucoup et partageaient par conformisme le même goût pour les promenades en haute montagne. La description des préparatifs avant les départs en vacances est très drôle. Mais à mesure que le monologue avance, la description de la cruauté parentale prend une dimension de plus en plus étouffante. Extrait : « Et ils rangeaient toujours tout, à peine avais-je déposé un objet quelque part qu’ils s’empressaient de le ranger, ce faisant ils ont systématiquement coupé court à toute manifestation humaine chez nous, ils ont toujours eu peur que, à cause de moi ou de ma sœur, la maison puisse commencer à vivre. » Malgré les ressemblances, quelques chose sépare cependant les deux amis : celui qui parle tout le temps a fui sa famille alors que l’autre, le silencieux, en est toujours resté prisonnier ; il ne s’est « jamais évadé de l’hypocrite cachot sentimental de ses parents », et, pour cette raison, est devenu une loque. Le court texte final intitulé Parti en fumée est un pur défoulement, un rêve éveillé durant lequel le narrateur assiste à l’anéantissement par les flamme de l’Autriche, son pays qu’il exècre. « Les gens que je croisais avaient des faces grimaçantes en guise de visage, lorsque j’ouvrais un journal, la bêtise et la vilenie que j’y lisais me donnaient la nausée, tout ce que je voyais, entendais, tout ce que j’étais obligé de percevoir me faisait vomir. » Une saine lecture qui vous aidera à transformer le stress en énergie positive.
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